Bienvenue sur la Page de Rodrigo Tortilla !

Les origines loufoques du parcours de Jean Banet "Rodrigo":

En ce début de 1968 au centre de recrutement militaire de Mâcon. Il est onze heures du matin. J'ai la tête sur la mentonnière de l'ophtalmo qui ,évidemment, me trouve myope et astigmate puisque je le suis depuis l'école élémentaire. Alors le toubib me dit :

-"Il est onze heures. Je n'ai pas encore réformé ce matin ! Hum ? " (Ce qui signifie évidemment : "Qu'en dites-vous ?")

-"Déconnez pas, je pars à la coopération au Canada !"

-"Bon...Bon pour le service !"

C'est là que tous mes ennuis ont commencé !

***

Montréal : un jour de novembre 1968  j'aperçois par la fenêtre quelques flocons qui deviennent progressivement plus nombreux et plus chahutés. Je me dis : je vais aller dehors faire la connaissance d'un petit grain neigeux à Montréal. Je sors et après quelques centaines de pas je m'engouffre dans un commerce de fringues. Je viens acheter quelque chose de chaud. J'en sortirai, au bout de quelques parlottes, avec une espèce de gilet blanc fabriqué en France, et qui me sera vite trop court, mais qu'importe. Je rentre. Le lendemain, un titre barre la une de "La Presse", le grand journal de Montréal, des lettres de huit centimètres : "LA PIRE TEMPÊTE". J'avais vécu sans m'en douter la pire tempête canadienne depuis vingt ans ! Bof, à Villars-le-Sec, près de Bure en Suisse, j'avais connu bien autre chose en 1959 !

***

Pendant ma coopération notre appartement au 16ème étage de la rue Papineau à Montréal a été visité de nuit par un fuyard ensanglanté qui a laissé des marques tout le long du couloir et j'ai été réveillé par deux cops, penchés vers mon lit, et mon collègue co-résident qui leur disait :

-"Vous voyez, il dormait, ce n'est pas lui."

-"Mais le désordre dans la chambre ? "

-"Normal !"

Depuis nous fermions à double tour. Nous étions passés très près d'un tragique fait d'hiver. C'était en décembre 1968.

***

Renvoyé faire mes classes au 2ème régiment de cuirassiers à Reutlingen en Allemagne, je sortais, dépité et un peu saoûl, du bar topless "Au chat noir" sur la rue Sherbroocke , à Montréal, quand d'une table proche, j'entends : "il est saoûl comme un cochon". Je m'approche et je lance, pas bagarreur pour un sou : "je suis saoûl mais je ne suis pas un cochon" et je sors pour de bon avec quelques étudiants. Dehors nous sommes rejoints par un groupe d'élèves du CEGEP. L'un d'eux, un petit gros, un rien plus grand que moi, qui étais aussi petit qu'aujourd'hui mais beaucoup moins gros, recommence une provocation : "Il paraît que vous m'avez traité de cochon". Un étudiant s'interpose et immédiatement s'écroule terrassé d'une droite du petit gros un peu plus grand que moi. Me rappelant alors la gauche pneumatique et redoublée de Spirou dans je ne sais plus quel album de Franquin, j'entre dans l'affaire, je martelle de la gauche à distance et je termine avec un direct du droit : le petit gros à peine plus grand que moi se retourne dégoûté. Il ira cuver et cracher quelques dents à l'intérieur. C'était ça aussi mon Québec, de septembre 1968 à janvier 1969. En quatre mois, pas une minute de noble jeu , mais quinze secondes de noble art !

***

Mais pourquoi devais-je rentrer en France puis en Allemagne ? La missive reçue courant décembre portait : "Le ministère des armées a annulé votre candidature à la coopération". Mais j'y étais déjà et au Canada en plus, envoyé par les affaires culturelles ! J'ai appris plus tard d'un vague conseiller au consulat, coopérant comme moi, qu'il avait dans son tiroir un ordre d'appel à la coopération émanant du bureau de recrutement de Dijon, et qu'il avait tardé à me le remettre..."désolé !"...Bien sûr pour ce con (j'espère qu'il se reconnaîtra si d'aventure quelques mots clé l'amènent sur cette page)  c'était devenu une patate chaude. J'ai appris aussi mais encore plus tard, du commandant en second du 2ème RC à Reutlingen, Lamiable il s'appelait, que j'avais été signalé à l'armée par les renseignements généraux comme agitateur en 1968.

***

Après c'est une autre histoire. Rapidement : cinq régiments dont Reutlingen, Tübingen, Speyer, Landau , une prison. Une pétition concernant l'ordinaire, des chansons subversives au mess franco-allemand. Trois mois et ving-sept jours de préventive. Quatorze mois avec sursis prononcés par le tribunal permanent aux forces armées de Landau. Article 421 du code de justice militaire. Pourvoi en Cassation pendant lequel je suis maître-auxiliaire de philosophie à Besançon (1970-1971) et j'essaie de séduire Maïté A. avec des poèmes. Confirmation de la Cour de Cassation...qui ne casse rien. Incapacité à occuper un emploi public. Curriculum vitae elliptique et entrée à la MJC de Forbach en mai 1973. Amnistie par le président Giscard d'Estaing en 1974.

Sarzeau : Banet's Partie

Rouet des Ans, Forbach

Tiffenotes, Mulhouse : les voix

Tiffenotes, Mulhouse : les instruments

Mes frelots, Montbéliard

Retour